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Sécheresse des muqueuses après les traitements anticancéreux : reprendre soin de ce qui a été asséché

Recevoir un traitement contre le cancer, c’est souvent traverser un désert. Une fois la tempête passée, certaines traces restent : la fatigue, la peur de la récidive… et parfois, des inconforts physiques qui s’invitent sans prévenir.

Parmi eux, la sécheresse des muqueuses. Invisible, mais bien réelle. Elle touche la peau, les yeux, la bouche, les voies vaginales ou nasales. Et elle peut sérieusement impacter la qualité de vie, le confort, voire la sexualité.



Pourquoi ces sécheresses apparaissent-elles ?


Les traitements anticancéreux (chimiothérapie, radiothérapie, hormonothérapie, immunothérapie) peuvent altérer la production naturelle d’humidité du corps : salive, larmes, mucus vaginal ou cutané.

Chez les femmes, les hormonothérapies (comme le tamoxifène ou les inhibiteurs d’aromatase) accentuent aussi la sécheresse intime, car elles induisent une ménopause artificielle.

Résultat : tiraillements, brûlures, démangeaisons, douleurs pendant les rapports, irritation oculaire ou buccale… bref, un corps qui “grince” là où il devrait glisser.



Prendre soin de ses muqueuses, c’est aussi prendre soin de sa dignité


Ces symptômes sont fréquents, mais souvent tus. Beaucoup de femmes n’osent pas en parler, surtout lorsqu’il s’agit d’inconfort intime. Pourtant, il existe des solutions concrètes — douces, naturelles ou médicales — pour retrouver un confort de vie au quotidien.



Les gestes de base qui aident partout


  • Hydrate-toi de l’intérieur : eau, tisanes, bouillons. La première crème, c’est ce qu’on boit.

  • Limite les sources d’irritation : savons parfumés, gels douche agressifs, tabac, chauffage excessif, climatisation sèche.

  • Favorise une alimentation riche en bons gras : oméga-3 (huile de lin, de colza, poissons gras), fruits et légumes riches en antioxydants.

  • Sois douce avec ta peau : bains tièdes, serviettes en coton, pas de frottement excessif.

  • Humidifie ton environnement : un humidificateur dans la chambre peut changer la donne, surtout en hiver.



Zone par zone : solutions concrètes


🌿 La peau


Symptômes : tiraillements, démangeaisons, rougeurs, desquamation.

Solutions :


  • Crèmes riches sans parfum ni alcool (type CeraVe, Avène XeraCalm, La Roche-Posay Lipikar).

  • Appliquer sur peau encore légèrement humide après la douche.

  • Huiles végétales pures : jojoba, amande douce ou beurre de karité.

  • Éviter les bains chauds et les savons classiques.

  • En cas de zones irradiées : demander à l’équipe médicale la crème adaptée (souvent à base d’eau thermale ou d’acide hyaluronique).


📚 Source : Ligue Suisse contre le Cancer – Effets secondaires cutanés des traitements



👄 La bouche et le nez


Symptômes : bouche sèche, aphtes, gencives sensibles, nez sec ou qui saigne facilement.

Solutions :


  • Sprays salins ou gels hydratants pour le nez (Sterimar®, Physiomer®).

  • Bains de bouche sans alcool ou à base de bicarbonate.

  • Sucer des pastilles neutres sans sucre, ou mâcher du chewing-gum sans sucre pour stimuler la salivation.

  • Brosse à dents extra-souple, dentifrice sans lauryl-sulfate.

  • Éviter café, alcool, tabac qui accentuent la sécheresse.


📚 Sources : Société Suisse d’Oncologie Médicale – Prise en charge de la xérostomie (sécheresse buccale)



👁️ Les yeux


Symptômes : brûlure, rougeur, picotement, sensation de sable dans les yeux.

Solutions :


  • Collyres hydratants (“larmes artificielles”) sans conservateur.

  • Gels oculaires la nuit si les paupières se dessèchent.

  • Lunettes de protection au vent, humidificateur dans les pièces.

  • Consulter un ophtalmologue si vision trouble ou douleur persistante.


📚 Source : Société Suisse d’Ophtalmologie – Conseils pour les patients en traitement anticancéreux.



🌸 La zone vaginale et vulvaire


C’est souvent la plus taboue, mais aussi la plus perturbante.

La baisse des œstrogènes liée aux traitements entraîne un amincissement et une perte d’élasticité des muqueuses. Cela peut rendre les rapports douloureux, voire impossibles, et favoriser les infections urinaires.


Solutions non hormonales (première intention) :


  • Hydratants vaginaux (ex. : Replens®, HyaloGyn®, Geliofil®) à utiliser régulièrement, pas seulement avant les rapports.

  • Lubrifiants à base d’eau (Yes WB®, Sylk®) ou de silicone selon la tolérance.

  • Huiles naturelles (huile de coco, d’amande douce) pour apaiser la vulve si pas d’allergie.

  • Suppositoires à la vitamine E ou à l’acide hyaluronique, pour nourrir la muqueuse.

  • Exercices doux du périnée, respiration et mouvement pour relancer la circulation.

  • Dilatateurs vaginaux prescrits par le gynécologue après une radiothérapie pelvienne, pour éviter le rétrécissement du canal vaginal.


Si ces solutions ne suffisent pas, discuter avec l’oncologue ou le gynécologue : certains traitements locaux hormonaux à très faible dose (ovules ou crèmes vaginales) peuvent être envisagés sous contrôle médical, même après un cancer hormono-sensible.


📚 Sources : Société Suisse de Gynécologie et d’Obstétrique (SSGO), American Cancer Society, Ligue contre le cancer – Sexualité et cancer.



Quand consulter ?


  • Si la douleur persiste malgré les soins locaux.

  • Si une infection s’installe (brûlure, écoulement, odeur inhabituelle).

  • Si la sécheresse oculaire ou buccale s’aggrave.

  • Avant tout traitement local hormonal, toujours demander l’avis de ton équipe médicale.



En conclusion


Ce n’est pas une question de coquetterie. Retrouver du confort, c’est aussi retrouver du lien avec soi — se sentir de nouveau bien dans sa peau, son corps, sa féminité.

Les muqueuses, c’est notre première frontière avec le monde : les hydrater, c’est se redonner un peu de douceur, là où la maladie a souvent tout asséché.


Et si tu ne sais pas par où commencer, parle-en à ton oncologue, à ton pharmacien ou à une socio-esthéticienne spécialisée. Tu n’as pas à traverser ça seule.




Références


  • Ligue Suisse contre le Cancer : Effets secondaires des traitements anticancéreux

  • Société Suisse d’Oncologie Médicale (SSOM)

  • Société Suisse de Gynécologie et d’Obstétrique (SSGO)

  • American Cancer Society : Managing Vaginal Dryness After Cancer Treatment

  • Institut Curie : Sécheresse vaginale et soins intimes après cancer

  • Société Suisse d’Ophtalmologie : Sécheresse oculaire et traitements oncologiques

 
 
 

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